Les mobiles du Cher

Les Mobiles du Cher de l’armée de l’Est du général Bourbaki par Christian Roth

Les Amis de la Principauté de Boisbelle-Henrichemont ont reçu samedi 26 mars 2022 Monsieur Christian Roth. Il présentait une conférence sur un épisode peu connu de la guerre de 1870 : les Mobiles du Cher, de l’armée de la Loire à l’armée de l’est du général Bourbaki. L’auditoire d’une trentaine de personnes a découvert des faits qui ont impliqué des soldats de la région.

Dès juillet 1870, le 19ème et le 81ème régiments de mobiles du Cher commandés respectivement par le lieutenant-colonel Paul de Choulot et le commandant Petit, participent à la fortification de Bourges. La préfecture du Cher, ville de garnison et d’industrie militaire, nécessitait une défense en rapport avec son intérêt stratégique.

Les prussiens avancent sur Paris. La bataille décisive de Sedan le 1er septembre provoque la chute de l’empereur et conduit à l’avènement de la République. Il faut défendre la capitale. Les régiments berrichons de soldats sans grande formation sont alors engagés dans les combats de la 1ère armée de la Loire. Ils combattent dans le Loiret, se portant au-devant de l’armée prussienne, mais sont malheureusement défaits fin novembre près de Beaune la Rolande, à Juranville où un monument et un ossuaire rappellent la tragédie.

La retraite en Berry se fait dans la rigueur d’un début d’hiver glacial, et plusieurs itinéraires de repli sont empruntés, parsemés d’escarmouches avec les ulhans (lanciers germaniques) :

  • Par la voie la plus directe, Gien, Argent sur Sauldre, Saint Martin d’Auxigny.
  • Par la Sologne via Salbris, Neuvy sur Barangeon, Vouzeron.
  • Encore plus à l’ouest par Vierzon et Mehun sur Yèvre.

Début décembre, Léon Gambetta arrive à Bourges pour constater la déconfiture de son armée. Il crée alors l’Armée de l’Est qui place les mobiles du Cher sous le commandement du général Bourbaki. Le 18 décembre 1870 les moblots montent en direction de Belfort. Ils emportent le 9 janvier 1871 une victoire bien éphémère à Villersexel, avant de s’y retrouver bloqués dans la confusion d’une guerre mal engagée.
Les soldats inexpérimentés et mal équipés sont autant éprouvés par un hiver particulièrement rigoureux que par les combats contre leurs adversaires prussiens.
Le 26 janvier 1871 la défaite est consommée. L’armée de l’Est, acculée à La Cluse de Joux se voit contrainte de se réfugier en Suisse.

Peinture géante de Lucerne – dépôt des armes à la frontière

Commencent plusieurs mois d’internement. Canons et fusils sont déposés à la frontière, et les mobiles du Cher sont internés dans près de 190 localités de la moitié occidentale du pays, avec le tact convenant à la toute nouvelle Croix Rouge suisse.

Ils y resteront six semaines avant de pouvoir rejoindre le Berry. Ils sont de retour au pays en août 1871.
En France aujourd’hui les faits de 1870-1871 emportent peu d’écho dans la mémoire collective. On se remémore plus facilement les deux guerres mondiales de la première moitié du siècle dernier.

La Suisse en revanche cultive religieusement la mémoire des internés de cette époque par des cérémonies anniversaires autour des monuments rappelant les évènements, à Verrières notamment. À Lucerne aussi existe une gigantesque peinture cylindrique de 35 mètres de circonférence sur 10 mètres de haut, représentant la débâcle de l’armée de l’Est.

Côté français la commune de La Cluse et Mijoux honore aussi la mémoire de l’armée de Bourbaki par un monument et une fresque murale.

Fresque de La Cluse et Mijoux

Le Berry et le Pithiverais entretiennent le souvenir de ses valeureux soldats par plusieurs dizaines de monuments (environ 200 dans le département du Loiret) érigés pour certains juste avant le début de la grande guerre.
Dans le Cher, ce sont 18 stèles qui rappellent le souvenir des patriotes décédés au cours de ce conflit trop oublié.

Nous remercions Monsieur Roth qui a passionné l’assistance par la multitude d’anecdotes qu’il a su distiller au long de son captivant récit.