L’industrie en Val d’Aubois

Industrie minérale et vie ouvrière aux siècles passés, dans le département du Cher

Les Amis de la Principauté de Boisbelle-Henrichemont ont reçu samedi 21 mai 2022 Madame LAURANT.
Pour sa conférence, elle est allée puiser sa documentation au centre de la métallurgie de La Guerche-sur-l’Aubois, aux archives départementales et c’est appuyé également sur les témoignages d’anciens travailleurs.

En introduction, notre conférencière fait le parallèle avec les grès de la Borne qui, comme l’industrie minérale, ne peuvent exister sans la terre pour les façonner et le bois qui alimente le feu lors de la cuisson.

L’industrie minérale dans le Cher se compose de trois grands domaines : l’argile, la chaux et le fer. Des hauts fourneaux sont construits sur la ligne de côte sud-est du département, dans la vallée de l’Aubois qui sera appelé le Val-d’Aubois au XXe siècle par un historien. Ils sont utilisés pour la fonte du minerai. Ils sont alimentés par le sommet et le métal fondu est recueilli dans la partie inférieure. La zone où se situe Torteron est la plus riche en minerai de fer.

Le bois alimente les machines à vapeur, mais le bois carbonisé (appelé coke) assure un meilleur rendement énergétique. 1824 voit la première machine à vapeur à Torteron.

Le charbon, cependant, reste nécessaire comme combustible et est acheminé du Nord de la France par les canaux. L’extraction du minerai va entraîner les industries métallurgiques, de la chaux et de la brique.

Monsieur Daumy est à l’initiative de l’industrie de la chaux,
Monsieur Jean Louis Richard Phillivuyt crée la porcelaine grâce au kaolin de Saint-Yrieix, près de Limoges. La porcelaine industrielle est créée grâce à l’isolation électrique du kaolin.
Monsieur de Voguë fonde Les Forges d’Ivoy-le-Pré ainsi que les usines Rosières à Lunery et Mazières à Bourges.
Monsieur Sauvard créé l’entreprise de Constructions Réunies.

Principaux entrepreneurs

Louis Vulcain étudie les terrains pouvant donner de la chaux et note tous les comptes-rendus de ses expériences.

La tuilerie de Grossouvre est fondée en 1901 sur l’emplacement d’une ancienne forge. La halle à charbon elle, date de 1845, sa charpente est composée de bois et de fer.
À la Guerche-sur-l’Aubois, la tuilerie Sauvard fonctionne en continu avec un four Hauffmann.

Le bassin de Beffes possède un gisement épais contenant 20 % d’argile, idéal pour l’élaboration de la chaux hydraulique qui constitue un liant perméable à l’eau. La chaux mélangée à du calcaire donne une matière encore meilleure pour son utilisation.

À Torteron il y a 7 fours et la halle de cette commune est la première halle de fonderie. 35 usines à chaux sont construites dans la vallée de l’Aubois. La chaux est d’abord entreposée dans des tonneaux puis dans des sacs de jute. Elle est utilisée sur les sites métallurgiques et permet l’élaboration de ciment armé.

La région de Torteron est la plus riche en minerai de fer, minerai qui existe depuis plusieurs millions d’années. Le fer extrait du gisement se présente sous forme d’hématite entourée d’une gangue composée de différents additifs.
Une première infusion donne la fonte puis par une deuxième fusion redonne du fer. Le fer fond à 1500 degrés et la fonte à 1200 degrés.
La fonte sert à la construction de bâtiments et également à la fabrication de divers objets :

  • Bénitiers, le premier date de 1494 ;
  • Fabrication de rail pour les chemins de fer, (les rails sont tirés par des animaux afin de relier les hauts fourneaux au canal de Berry puis au canal latéral à la Loire) ;
  • Fabrication d’encre de marine dans le Cher ;

A Grossouvre, l’hématite est constituée de 70 % de fer qui donne ensuite 38 à 39 % de fer utile.

Dans la fonderie, le fer est d’abord mis sous forme de tige puis ensuite est transformé en fil de fer dans une tréfilerie.

Sur le plan social, des logements sont construits près des lieux de travail afin que les ouvriers vivent sur place. Ils sont ainsi « fidélisés » à leur entreprise .

Les galeries de Grossouvre

Les ouvriers des Forges sont bien payés et ils peuvent même épargner.
Les familles logent des ouvriers seuls, ce qui leur donne un complément de revenu.

EXEMPLE DU BUDGET D’UN OUVRIER VERS 1840 POUR L’ANNÉE :
Revenu : Salaire journalier : 1,25 Francs par jour pour 288 jours travaillés dans un mois à raison de 10h30 de travail par jour.
Sur une année sont décomptés : au total 77 jours soit 360 francs par an.

  • 52 dimanche
  • 5 fériés
  • 20 jours arrêt maladie, technique ou pour intempéries

Dépenses : au total : 352 francs

  • Nourriture : 232 francs
  • Loyer : 20 francs
  • Mobilier : 10 francs (gauche avec ustensiles de ménage)
  • Chauffage et Éclairage : 7 francs
  • Linge 40 francs (achat et entretien )
  • Impôts et menus frais : 10 francs
  • Loisirs : 30 francs
  • Santé : 3 francs
Schéma du budget

Nous remercions Madame Laurant. Elle aura enthousiasmé l’assistance par son entrain et son énergie à partager la passionnante histoire de l’industrie au siècle passé.