Léonce-Louis-Melchior de VOGÜÉ est né à Paris le 4 mai 1805. Il est le fils aîné de Charles-François-Elzéar et d’Adélaide-Louise-Zéphyrine de DAMAS. Sa mère est la descendante des Perrinet du Peseau, Jars, Boucard et autres, et la famille paternelle de Léonce est originaire du Vivarais, à VOGÜÉ en Ardèche où elle s’était fixée depuis le XIe siècle.
Le 25 juin 1807 son père meurt des suites d’une chute de cheval, laissant son épouse enceinte de 7 mois et Léonce qui a tout juste deux ans. Sa mère, après plusieurs années de veuvage, se remarie avec le Comte César de CHASTELLUX et lui donnera deux filles : Thérèse et Marguerite.

Léonce de Vogüé militaire

En 1821, Léonce de VOGÜÉ est admis au corps des pages du roi Louis XVIII, à Versailles, d’où il sort avec un brevet de lieutenant aux hussards de la garde. Le métier des armes l’attirait !
Le roi de France Charles X, voulant rétablir l’autorité du roi d’Espagne comme monarque absolu, envoie une armée (d’environ 100 000 hommes) commandée par son neveu le Duc d’Angoulême. Léonce obtient un poste d’officier d’ordonnance. En 1830, il participe à l’expédition d’Alger et pressent la chute de Charles X. La vie militaire commence à lui peser.

Léonce de Vogüé fonde une famille

Il épouse, le 26 octobre 1826 à Paris, Henriette de MACHAULT (1808 -1864), la fille de Jean-Baptiste Eugène MACHAULT d’ARNOUVILLE et d’Ernestine de VASSELOT d’ANNEMARIE.
Ils auront plusieurs enfants : en 1827, des jumeaux qui ne vécurent pas ; en 1828, une fille Ursule Zéphyrine, qui épousera le comte de BRYAS et héritera de Boucard ; en 1829, c’est un fils Charles-Jean-Melchior qui vient au monde et qui plus tard, ambassadeur, écrivain, égyptologue, sera reçu à l’Académie Française ; en 1831, naît une fille, Paule, qui malheureusement ne vivra que quelques années ; en1835 naît un fils Robert, qui embrassera la carrière militaire comme son père et sera tué en 1870 à la bataille de Reichshoffen et, en 1850, naît sa fille Angélique qui épousera le comte de la PANOUSE.

Léonce de Vogüé le voyageur

Sa carrière, ses affaires et son goût pour les voyages le tiendront, en effet, souvent éloigné de son foyer : Russie pour les fêtes d’intronisation du Tsar, plusieurs voyages en Angleterre (pour acheter des chevaux, trouver une nurse pour ses enfants) et dont il admire : l’aisance bien ordonnée de ce pays qui a la coquetterie de mettre la nature à son avantage sans la contrarier ainsi qu’il l’écrit à sa femme, en Italie, en Suisse, à Prague, au Tyrol, en Allemagne, en Autriche …

Léonce de Vogüé le politique

Conseiller général de 1839 à 1852, puis de 1854 à 1871, il fut même président du Conseil général de 1849 à 1850. En 1848, Léonce est élu député du Cher. Il le sera 3 fois de 1848 à 1849, de 1850 à 1851, puis seulement de 1871 à 1877 (date de sa mort).

Léonce de Vogüé maitre de forges

En 1833, il achète la forge d’Ivoy-le Pré (Cher) et les terres et bois autour, il y emploi 80 à 100 ouvriers.
En Berry, son directeur Estoublon, le presse d’établir un nouveau haut-fourneau. Mais comme l’établissement d’Ivoy-le-Pré ne se prête guère à l’agrandissement, Léonce décide de déplacer son industrie à Bourges. Il achète en 1846 la ferme de Mazières, au sud de la ville, près du canal de Berry et se met aussitôt à construire une usine importante : Hauts-Fourneaux et Fonderies de Mazières.
L’usine produit des éléments qui serviront aux chemins de fer (plaques tournantes, ponts tournant, chariots transbordeurs, charpente pour les gares, aiguillages), à la construction de la halle Saint-Bonnet à Bourges, le pont tubulaire de Bordeaux en 1858, des pavillons pour la halle de Paris (architecte Baltard), la charpente de l’église Saint Augustin à Paris, la gare de Vienne en Autriche, etc. En 1859, l’usine emploiera 460 ouvriers !

Léonce de Vogüé grand propriétaire terrien

Sa grande tante, Adélaïde Geneviève ANDRAULT de LANGERON, (1766 -1829), épouse en secondes noces du prince de La TREMOILLE, meurt sans enfant ; il hérite avec son frère Charles de la totalité de ses biens qui comprenaient les propriétés acquises en Berry par la famille de sa mère : les PERRINET (Le Peseau, Jars, Boucard, Nancré, La Tour de Vesvre), et celles de son père le marquis de Langeron en Bourgogne, en Bresse et en Nivernais.
En chassant dans sa forêt d’Ivoy, il tombe par hasard sur le château de la Verrerie, ancienne demeure des Stuart d’Aubigny, de Louise de Keroualle, duchesse de Portsmouth et de ses descendants les Richmond. C’est un élégant château des XVe et XVIe siècles entouré de bois immenses, de landes et de terres. Son image se reflète dans les eaux d’un bel étang. La propriété est à vendre ! Il l’achète cher, dit-il.

Léonce de Vogüé et l’agriculture

Mais c’est pour l’agriculture que Léonce de Vogué se passionne toujours de plus en plus ; il sera adhérent de plusieurs associations d’agriculteurs et l’un des fondateurs de la Société des Agriculteurs de France.
Devenu plus libre de son temps, il fait dresser un état de tous ses domaines, fait faire des analyses des sols, fait exécuter des drainages. Il préfère conserver les races d’animaux acclimatées au pays mais il les améliore par des mélanges de sang nouveau.
Il va chercher des reproducteurs en Angleterre. Pour les chevaux, il choisit la race percheronne qui répondait bien aux exigences de la culture dans les terres lourdes.
Il supprime les fermiers généraux et donne plus d’importance aux métayers. Mais il constate que chez les paysans, un peu arriérés, la routine l’emportait sur l’intérêt.
C’est à cette période qu’il commence à construire des bâtiments d’exploitation dans l’ensemble de ses domaines ; il démolit, fait construire des logements spacieux, bien orientés, comme ceux du Domaine Neuf de Thou, au Plessis et au Pont à Boucard, et beaucoup d’autres.
En dix ans le produit de ses terres a doublé.
Léonce de Vogüé obtient des prix dans différents concours.

Son épouse meurt à Thoiry le 1er septembre 1864.

Atteint d’une grave maladie, il décède dans d’affreuses souffrances le 25 juin 1877 à l’âge de 72 ans. Il est enterré au cimetière de THOIRY (Yvelines), dans l’enclos familial, au côté de son fils Robert tué en 1870.

Ainsi se termine la vie bouillonnante de Léonce de Vogüé. La famille de Vogüé, toujours représentée en Berry, conserve le patrimoine de Léonce dans sa presque totalité.